Page:Nichault - Laure d Estell.djvu/69

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À cette folie je te vois sourire, mais que veux-tu, je n’ai pu m’en empêcher ; je crois l’avoir fait un peu pour Caroline. Au reste ces mots sont ceux que madame de Varannes devait dire et non rien d’extraordinaire, juges-en toi-même.

« Madame d’Estell, ayant pris le plus vif intérêt à la malheureuse famille de Philippe, prie sir James Drymer de vouloir bien agréer les expressions de sa reconnaissance, elle y joindrait des vœux pour son bonheur, s’il n’était pas la suite naturelle de tout le bien qu’il fait. »

Mon émotion a duré longtemps ; je tremblais en traçant ces lignes : pauvre sir James ! être malheureux avec tant de titres à la félicité : vraiment on ne comprend rien à la plupart des destinées, et je voudrais qu’on m’expliquât comment il se fait que les êtres vertueux sont les plus exposés aux revers et à l’injustice ; il faut que la perte de cette vertu soit un bien grand malheur, pour en faire payer la possession aussi cher !

Adieu, ma Juliette, Emma se porte bien.



XI


La fatalité me poursuit, chère Juliette. Hier après souper, souffrant beaucoup d’un violent mal de tête,