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l’horreur de sa situation. Ah ! ma Juliette, combien son malheur m’intéresse ! Il est encore plus à plaindre que moi. Je pleure ce que j’aimais, et lui celle qui ne l’aimait plus ; nous sommes tous deux sans espoir ; mais il n’a que des regrets, et j’ai des souvenirs.

Adieu, chère Juliette, j’étais trop occupée du sujet de cette lettre pour te parler d’autre chose. Je t’embrasse et mon Emma te caresse.



XIII


Ce peu de mots me prouve qu’il est amoureux. Amoureux ! lui, sir James ! Ah ! ma Juliette, combien tes conjectures sont loin de la vérité ! Crois-tu possible de se livrer avec tant de facilité au même sentiment qui a causé des maux irréparables ? Cette seule raison suffirait pour en ôter l’idée ; ajoutes-y que sir James ne me connaît que par ce que sa sœur peut lui avoir dit de moi ; qu’il m’a toujours vue triste ou mélancolique, et qu’il a été seulement touché de la manière dont j’ai apprécié le service qu’il a rendu à Philippe. Il est de certaines âmes pour lesquelles une preuve de bienveillance est une espèce de baume jeté sur leurs blessures. Mon action était fort simple, mais un homme accoutumé à se voir trompé, ou mé-