Page:Nichault - Laure d Estell.djvu/96

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Cette lettre m’a jetée dans l’embarras, et peut-être trouveras-tu que je m’en suis fort mal tirée ; mais je ne savais réellement comment faire pour le laisser partir sans lui paraître d’une insensibilité choquante, et pour le retenir sans le confirmer dans sa première erreur ; j’ai cru qu’il me fallait prendre avec lui le ton de l’amitié fraternelle, et voici ce que j’ai répondu :

« Si Frédéric n’abjure pas un sentiment coupable ; si le souvenir de Henri ne lui donne pas la force de n’en jamais parler, qu’il parte ; mais, si au contraire, il reconnaît ses torts et s’en corrige, il doit rester au sein de sa famille. Dans ce cas Laure lui promet l’amitié de la plus tendre sœur. »

Je lui ai envoyé cette réponse par Lise, en lui recommandant de s’en aller aussitôt après la lui avoir rendue. Je verrai si cette lettre l’engagera à prendre un parti sage. J’apprendrai son départ sans beaucoup de regret, car avec l’inconséquence de son caractère, il finirait par me compromettre ; et tu m’avoueras qu’il serait cruel d’être victime d’un sentiment que je partage aussi peu et dont la seule idée me blesse.