Page:Nichault - Laure d Estell.djvu/99

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que le départ de son mari était fixé au lendemain. Elle m’a témoigné le regret de ne pouvoir le conduire jusqu’au port où il s’embarque ; son état ne le lui permet pas, et j’ai peur qu’elle ne se ressente beaucoup du chagrin qu’elle éprouve. L’idée que ce jour de séparation serait affreux pour elle, m’a engagée à la prier de consentir à ce que je le passasse à Savinie : elle voulait, disait-elle, m’en épargner l’ennui ; mais je l’ai si bien convaincue du plaisir que j’aurais à lui offrir quelques consolations, qu’elle a cédé à mes instances. M. de Savinie a paru fort sensible à cette preuve d’amitié ; et ce qu’elle lui a inspiré de choses aimables, prouve que le plus sûr moyen de captiver son admiration, est d’accorder à Lucie les sentiments de bienveillance qu’elle mérite.

Caroline me traite toujours avec froideur ; madame de Gercourt est seule dans ses bonnes grâces, car Lucie n’est guère plus heureuse que moi. À propos, j’oubliais de te dire que madame de Gercourt a fait pour elle les mêmes frais de politesse et de prévenance dont elle m’a honorée à notre première entrevue. Elle lui a dit en anglais qu’elle avait eu l’honneur de connaître madame sa mère dans un de ses voyages à Londres ; que c’était une des plus belles femmes de la cour, et qu’elle lui ressemblait à s’y méprendre. Lucie a été plus flattée de ce qu’elle