Page:Nichault - Le Mari confident.pdf/101

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— Serait-il vrai, me suis-je écrié avec un battement de cœur qui m’étouffait ; mais non…, vous vous trompez…, je ne mérite pas…

— Je m’attendais bien à vous entendre tout nier, interrompit-elle. N’importe, vous mentez fort mal, grâce au ciel, je n’en veux pour preuve que l’embarras qui vous domine. Vous tremblez comme un criminel… C’est vous… oui, c’est vous… Et pour vous épargner la fatuité d’en convenir, je vais m’en assurer par tous les moyens qu’une femme curieuse peut employer, je vous en avertis.

En ce moment, mon père et la duchesse se sont approchés de nous, et je suis resté si complétement anéanti sous le poids de tant de réflexions, de suppositions et d’émotions, que la duchesse m’ayant adressé la parole sans obtenir aucune réponse, mon père a demandé à madame des Bruyères ce qu’elle avait pu me dire pour me rendre si complétement imbécile ; les rires excités par cette question m’ont sorti de mon rêve ; on me l’a répétée, et après m’être confondu en excuses, j’ai répondu qu’effectivement la comtesse m’avait fortement intrigué à propos d’une aventure dont je n’ai pas l’honneur d’être le héros, mais qu’elle m’avait valu un si joli mot de sa part, que j’étais décidé à usurper et à profiter de tous les