Page:Nichault - Le Mari confident.pdf/102

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avantages qui résulteraient de son erreur. Alors on a voulu savoir l’aventure. La comtesse a dit en riant que c’était un secret entre nous deux. On l’a plaisantée sur la nature des secrets qui existaient d’ordinaire entre les personnes de notre âge, elle ne s’est point récriée contre le soupçon d’un mystère amoureux. Enfin, tu le sais, je suis confiant, mais point fat, et il faut que la belle Clotilde m’ait laissé clairement voir son indulgence pour ma folie, autrement je n’aurais jamais osé lui en parler si franchement. Cependant j’ai failli me brouiller avec elle pour avoir résisté à un de ses caprices, et cela au moment où je me croyais le plus sûr de sa bienveillance. Il lui a pris fantaisie de me faire écrire quelque chose sur son album. Je n’étais pas préparé à cette attaque, et, dans la terreur, très-fondée, de mettre quelque lourde sottise à côté de vers signés Lamartine, Victor Hugo, Alfred de Musset et autres noms célèbres, j’ai refusé net. « Très-bien, » m’a dit mon père à voix basse, avec les jolies femmes, il faut refuser pour obtenir.

— Ah ! vous ne voulez pas me laisser une preuve de votre complaisance ; ceci est désobligeant et maladroit, car votre refus est un aveu, mais je vous le pardonne, a dit la comtesse du