Page:Nichault - Le Mari confident.pdf/105

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— C’est possible… enfin, je ne contrarie pas tes projets ; ne cherche pas à ébranler mes résolutions. Raconte-moi tes succès amoureux sans me contraindre à en être témoin ; j’en verrai toujours assez dans les occasions qui s’offrent journellement de me rencontrer avec madame des Bruyères.

— Je suis fâché de ton éloignement pour elle ; tu m’aurais donné de bons conseils.

— Cela n’est pas certain. J’ai mal débuté en amour, et il m’en est resté un fond de rancune contre les jolies femmes qui me rend parfois injuste envers elles ; je les crois toutes plus ou moins perfides, et si cette idée ne m’empêche pas de profiter de leurs bontés, elle me sauve du danger d’y attacher trop de prix.

— C’est-à-dire qu’en faisant tout ce qu’il faut pour leur plaire, tu te dispenses de les aimer ! Voilà le principe fondamental de la nouvelle école ! je te félicite d’y pouvoir rester fidèle ; mais un cœur sans prétentions ne saurait atteindre à ces grandes manières ; il se laisse prendre tout d’abord à la moindre cajolerie, et lorsqu’on y joint quelques mots encourageants, il succombe à l’espoir d’être aimé. Voilà où j’en suis ; peut-être me trouves-tu trop prompt à me flatter ? c’est ce que