Page:Nichault - Le Mari confident.pdf/11

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du jour, enfin de ce goût pour la fraude qui après avoir passé par le charlatan, le marchand, le négociant, le spéculateur et la coquette, arrive aux classes les plus élevées de la société.

Celle dont nous relatons l’histoire, est sans contredit l’une des plus innocentes ; et pourtant elle coûta bien des larmes à la femme qui s’en rendit coupable par pure obéissance.

François Thomassin, fils d’un brave paysan du fond de la Bretagne, cumulait le profit de faire valoir la plus petite ferme de son châtelain avec l’honneur d’être le maire de sa commune. Il avait un de ces caractères actifs, ambitieux, décidés à gravir, n’importe par quel sentier, jusqu’au plus haut point d’un sommet quelconque. Élevé pour guider le soc d’une charrue, pour rentrer les récoltes, additionner les frais et bénéfices de sa petite exploitation, il s’était demandé plus d’une fois si l’intelligence nécessaire au succès des moindres intérêts pécuniers, n’était pas la même que réclament les plus grandes affaires ; et si le temps qu’il mettait à diriger, à régler les comptes de sa modeste ferme, ne pourrait pas s’employer avec plus d’avantage à de grandes spéculations !

Un homme ne se questionne jamais à ce sujet, sans se répondre par quelque coup de tête. C’est