Page:Nichault - Le Mari confident.pdf/125

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affectueuse à recevoir mes soins ; enfin cette bonté qui lui a fait tant de fois pardonner mes reproches, mon dépit, mes injures. Ah ! pourquoi ai-je perdu tant de biens pour le triste plaisir de lui avouer mes soupçons ? Pourquoi, dans ma démence, lui avoir dénoncé l’amour de cet homme, l’avoir accusée d’y être sensible, quand elle l’ignorait peut-être ?

— L’ignorer, interrompit Adalbert, ah ! la moins pénétrante ne se trompe jamais sur ce qu’elle inspire.

— Au reste, tout a concouru à me prouver ce que je redoutais. Il y a douze jours que ce Fresneval est parti tout à coup pour Florence, sur un ordre de madame des Bruyères ; elle l’y envoyait, me dit-elle, pour y faire l’acquisition d’un tableau attribué à l’un des plus grands maîtres de l’école italienne. Ce tableau, il en fallait constater l’origine avant de donner la forte somme qu’on en demandait, et M. Fresneval étant un grand connaisseur en ce genre, la comtesse l’avait chargé de s’assurer de la valeur de l’ouvrage, et de l’acheter pour elle, s’il le trouvait digne de son prix. Moi, j’expliquais ce départ d’une tout autre manière, je pensais qu’à la suite d’un entretien où ce nouveau Saint-Preux avait un peu trop laissé deviner son amour, on