Page:Nichault - Le Mari confident.pdf/140

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tait son bon goût, le remerciait si gentiment de la peine qu’il s’était donnée pour empêcher que ce tableau ne fût acheté par un autre amateur, qu’il a dû en avoir le vertige.

— Et penses-tu que, dans ces remerciements de la comtesse, il y ait plus que de la reconnaissance ?

— Écoutez donc, signor comte, nous avons un proverbe de notre pays qui dit : « qu’en amour le jour veut des titres et de l’argent, et la nuit de la beauté. » Le bel Édouard, qu’on ne voit pas en brillants équipages, qu’on ne remarque pas à la cour, dans les salons, au théâtre, n’en est pas moins un garçon de mérite ; la première qui le devinera pourra peut-être bien vouloir le mettre à l’épreuve ; nous ne manquons pas d’exemples de ces amours-là, ajouta Ricardo avec fatuité.

— Ainsi, tu ne doutes pas que ses soupirs, ses airs de patito ne plaisent à ta maîtresse !

— À vrai dire, Monsieur, j’étais si occupé à guetter les progrès que faisait M. le comte de Tourbelles dans la maison, ainsi que Monsieur me l’avait commandé, que je n’ai pas donné grande attention à la manière dont on traitait M. Édouard ; mais à présent que cette aventure-là semble amuser monsieur le comte, je vais m’appliquer à savoir ce qui en est.