Page:Nichault - Le Mari confident.pdf/156

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âme si noble ; dans cette grande coquette l’obéissance d’une jeune fille pour les vieilles idées de son père ; dans ce sourire divin, la grâce d’un esprit enchanteur. Comment ai-je pu immoler tant de mérite, tant de charmes, à la sotte rancune d’avoir été trompé sur un fait de si peu d’importance ; mais l’orgueil n’est pas moins aveugle que l’amour, et les fautes qu’il fait commettre sont les plus irréparables. Le mal est fait, j’en dois subir les conséquences avec courage ; en provoquant sa haine, je n’ai pas eu la prétention de l’obliger à haïr tout ceux qui l’aimeraient, mon autorité se borne à lui interdire certains choix que le monde réprouve ; mais les hommages d’un homme tel que le marquis de Tourbelles ne peuvent qu’honorer une femme de bonne compagnie, qui passe pour être libre, et que je ne puis démentir, moi qui l’ai forcée à cacher sa position pour laisser ignorer mon indigne conduite. J’ai été sottement barbare ; eh bien ! ne soyons pas lâche, supportons bravement les tristes inconvénients d’un rôle que j’ai adopté et que tant de maris jouent sans se plaindre !

Adalbert avait passé toute sa soirée dans ces méditations où l’esprit et le cœur plaident tour à tour sans rien gagner l’un sur l’autre ; lorsque Sosthène, inquiet de l’absence de son ami, vint