Page:Nichault - Le Mari confident.pdf/159

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

le donne sans regret, m’a-t-elle répondu, car ce flacon me vient de quelqu’un que je déteste.

— Montre-le-moi, je t’en prie ? s’écria vivement Adalbert.

— Non, ces reliques ne se montrent qu’aux vrais croyants, et tu es d’un septicisme en amour qui ne permet pas d’exposer les miennes à ta moquerie.

— Moi, douter de l’amour qu’on te porte ! Ah ! c’est m’injurier à plaisir, car j’en suis plus convaincu que toi-même, et tu peux être confiant sans rien m’apprendre ; d’ailleurs l’indiscrétion est commise, je sais de qui tu tiens ce flacon ; que t’importe de me le laisser voir ?

— J’ai peur d’avoir l’air d’en être fat, même à tes yeux d’ami.

— Quel enfantillage ! ne voudrais-tu pas savoir quel est celui dont on reçoit de semblables présents, bien qu’on le déteste.

— Tu m’y fais penser ! Au fait ce flacon est richement monté, et pour avoir osé l’offrir il fallait être intimement lié avec la comtesse, ah ! c’est quelque grand parent, je le gagerais.

— C’est ce que nous reconnaîtrons bientôt au mauvais goût de la monture.