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— Mieux que cela vraiment, un billet ne se montre pas, on le cache, on l’oublie ; mais ce flacon qu’elle portait sans cesse, qui la ranime quand la chaleur l’accable, qui la soutient dans une émotion vive, est mille fois plus précieux, aussi j’en raffole !

— Ah ! vous en êtes aux gages ! s’écria Adalbert d’un ton moqueur, voilà une passion qui marche à pas de géant !

— À dire vrai, je ne suis pas mécontent des progrès de la semaine, malgré la peine qu’on prend de déprécier le peu de faveurs qu’on m’accorde ; car la comtesse n’a pas plus tôt fait quelque chose de gracieux pour moi, qu’elle emploie tout son esprit à me prouver qu’il ne faut y attacher aucune importance. Mais je ne suis pas dupe de cette ruse, et lui sais bon gré de tout ce qu’elle imagine pour gâter mon bonheur, c’est me forcer à y croire. Par exemple, en me remettant ce flacon, qu’elle emporte chaque soir au théâtre et que l’air de la salle rend fort nécessaire, elle me dit : gardez-le, il est trop lourd, j’en prendrai demain un plus léger.

— Est-ce un acte de confiance ou de générosité ? lui ai-je demandé bien timidement.

— Ah ! mon Dieu, s’il vous est agréable, je vous