Page:Nichault - Le Mari confident.pdf/161

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intacte, car il était loin de soupçonner avec quelle force musculaire le flacon avait été lancé du balcon sur le pavé. Il pensait qu’ayant glissé des mains d’Adalbert il n’était pas entièrement brisé.

Sosthène resta anéanti en voyant scintiller les rayons de la lune sur chacun des morceaux de cristal épars devant la porte cochère et les ramassa avec soin, les réunit à la monture, qui était elle-même en fort mauvais état, et il remonta en soupirant chez son ami. Celui-ci n’avait pu dissimuler au point de l’aider dans ses recherches, il se dit accablé par le regret de la sottise qu’il venait de faire, et sur ce point il disait vrai ; car il se reprochait sincèrement d’avoir cédé à un mouvement de dépit impardonnable.

— Laisse-moi cette monture, dit-il avec instance, je vais l’envoyer par un courrier à Fossin, ce bijou était de trop bon goût pour n’être pas sorti de chez lui. Je lui écrirai d’en faire un pareil, si exactement que tu pourras t’y méprendre.

— Ce ne sera pas celui qu’elle tenait sans cesse, celui qu’elle m’a donné ! Et puis que pensera-t-elle en ne le voyant pas dans mes mains !… Ah ! combien il faut que je t’aime pour te laisser vivre après m’avoir joué ce tour-là !

— Par ma foi, s’il ne faut, pour t’en consoler,