Page:Nichault - Le Mari confident.pdf/172

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réveil ses gardiens ordinaires ; par ce moyen ces pauvres diables pourront profiter des moments de repos dus aux calmants dont on abreuve le malade, et se mettre au lit pendant quelques heures.

— J’espère que tu feras comme eux, dit le duc ; car vous saurez, Madame, que depuis l’instant où la fièvre s’est emparée de M. de Bois-Verdun, Sosthène n’a point passé une nuit dans notre maison, aussi voyez comme il est pâle, défait…

— Eh ! qui ne serait ému de voir à la mort un ami si jeune, si parfait ! il faut le connaître intimement ainsi que je le connais pour se douter de tout ce que son cœur renferme de sentiments nobles, profonds, de tout ce que son esprit peut concevoir d’idées généreuses, d’aperçus piquants, de réflexions touchantes ! jamais tant de sensibilité n’a été unie à tant de légèreté, de grâce ; jamais la force de caractère, le courage, le dévouement n’ont été mieux dissimulés sous des manières froidement polies, sous un langage frivole ; c’était l’idéal d’un ami. Ah ! lorsqu’on a goûté un seul jour le charme d’une semblable amitié, on en doit pleurer éternellement la perte !

En parlant ainsi, Sosthène cachait sa tête dans ses mains, voulant cacher les larmes qu’il ne pouvait retenir.