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— Mais quelle rage as-tu de te désespérer d’avance, disait le duc, ne voit-on pas s’opérer journellement des cures miraculeuses ! La jeunesse d’Adalbert, la bonne santé dont il a joui jusqu’à présent, tout doit faire présumer qu’il résistera à cette crise, c’est du moins l’opinion du docteur Corona.

— Oui, mais ce n’est pas celle de notre médecin de l’ambassade, qui a vu succomber hier deux de nos compatriotes à la fièvre pernicieuse, et qui reconnaît dans l’état d’Adalbert tous les symptômes de cette affreuse maladie.

— Nous le sauverons, te dis-je, j’en ai le pressentiment ; mais il faut te calmer et te bien garder de lui montrer la terreur peinte sur ton visage, il se croirait à l’agonie.

On devine dans quelles angoisses était la malheureuse Clotilde pendant ce débat, n’osant ni faire un mouvement, ni proférer une parole qui pût trahir son inquiétude, et méditant une foule de projets plus insensés l’un que l’autre, pour arriver à savoir positivement ce que l’état de M. de Bois-Verdun pouvait donner de crainte ou d’espoir.

— Je n’en croirai que moi, pensait-elle, il faut que je le voie. Ah ! je suis trop sûre de deviner aux battements de mon cœur si le sien doit battre encore !