Page:Nichault - Le Mari confident.pdf/18

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des femmes, il est de leur devoir de dissimuler ce qu’à tort ou à raison on critique chez elle : aussi ferez-vous bien, lorsque nous sortirons Clotilde de son couvent, de la mener chez cette fameuse madame M… qui ne demande que deux heures et une somme fort modique pour teindre la plus abondante chevelure.

— À seize ans, vous voulez qu’elle se résigne à subir une semblable opération ! Ah ! je doute qu’elle y consente.

— Soyez tranquille, elle y consentira, surtout si vous lui dites que la couleur de ses cheveux peut l’empêcher de trouver un mari, et il n’y a pas de fille qui résiste à cette raison-là.

Madame Thomassin n’insista pas contre l’avis de son mari, sachant par expérience qu’elle n’avait pas le pouvoir de l’en faire changer ; elle espéra dans l’influence qu’aurait probablement sa fille sur l’esprit de son père, pour obtenir de lui de ne pas s’astreindre à une suggestion fatigante à tous les âges et ridicule au sien.

Espérance vaine, M. Thomassin resta inébranlable dans sa résolution, et Clotilde, sortie de son couvent parée des couleurs de l’aurore, arriva au château des Bruyères dans tout l’éclat d’une brune à peau blanche, mais avec l’air triste et confus