Page:Nichault - Le Mari confident.pdf/181

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terrompit le duc de Tourbelles, pour lui apprendre son danger ; car comment serais-tu là, au milieu de la nuit, s’il n’était à la mort ?

À ces mots, Clotilde, saisie d’un tremblement général, fut obligée de s’asseoir et craignit un moment de ne pouvoir accomplir sa mission périlleuse. Se trouver ainsi entourée des gens qui la voyaient tous les jours et n’en pas être reconnue, entendre sortir de leur bouche les plus cruels arrêts sur le sort d’Adalbert et leur cacher ses larmes ; subir toutes les convulsions du désespoir sans exhaler une plainte, c’était plus qu’il n’en fallait pour abattre son courage, si elle n’avait trouvé de nouvelles forces dans l’excès de son amour ; mais ces paroles du Christ revenaient sans cesse à son esprit : Que savez-vous, ô femme, si vous ne sauverez pas votre mari ? Et cette espérance, descendue des cieux, lui rendait toute son énergie.

Elle en eut grand besoin lorsqu’un domestique vint dire à Sosthène qu’il n’y avait plus moyen de s’opposer à la fureur, aux cris de la princesse Ercolante, qui voulait à toute force savoir par elle-même l’état où se trouvait M. de Bois-Verdun, et s’il était vrai, comme le laissaient entendre les médecins, qu’il ne dût point passer la nuit.

— Ah ! mon Dieu ! s’écrie Sosthène, nous somme