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À ces mots, Clotilde sentit un frisson mortel parcourir ses veines, elle vint s’établir, tremblante, à la place disposée par le docteur, et lui promit de suivre religieusement ses ordonnances.

Quelle épreuve pour son courage, pour sa raison ! Être seule avec cet Adalbert si coupable et si adoré, le voir livré à ses soins, pouvoir prier près de lui, pour lui, dans toute la sainteté de son âme, attendre, de la pureté de ses vœux, de la cruauté de son martyre, la pitié du ciel pour ce jeune mourant ; bénir ses propres souffrances comme autant de droits à la miséricorde de Dieu en faveur du coupable, et tout cela sans nul espoir de récompense. Ah ! ce désintéressement sublime, cet héroïsme sans pareil ! l’amour d’une femme en est seul capable ?…

Avant de se retirer, le docteur avait mis sa montre sur le lit, et posa lui-même la main de Clotilde sur le bras du malade qui venait de tressaillir à cette approche ; elle devait compter le nombre des pulsations par minute ; elle le fit d’abord avec toute l’attention de l’inquiétude, puis s’apercevant que la fréquence des battements s’apaisait d’une manière sensible, elle interrompit son calcul par des actions de grâce. Il n’était pas douteux que le sommeil tant désiré ne fût la cause de cette diminu-