Page:Nichault - Le Mari confident.pdf/194

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tion de fièvre, un instinct secret, une joie indéfinissable semblait avertir Clotilde du succès de ses prières, et, ne pouvant contenir les transports de sa reconnaissance, elle tomba à genoux et fondit en larmes.

Un mouvement d’Adalbert lui fit craindre de l’avoir réveillé, elle se relève aussitôt, se rassied, et feint d’être endormie. En effet, il avait les yeux entr’ouverts et se trouvait dans cet état de somnolence, suite assez ordinaire de l’effet de l’opium, et dans lequel on croit rêver ce qu’on voit.

En renversant sa tête sur le dos de son fauteuil, Clotilde sentit glisser son voile de chaque côté de sa guimpe, ainsi son visage restait à découvert ; tenter de ramener le voile sur son front, c’était prouver qu’elle ne dormait point, c’était risquer de troubler le calme qu’éprouvait le malade et l’empêcher de retomber dans son assoupissement ; elle resta immobile et tellement maîtresse d’elle-même, que nulle marque d’émotion ne la trahit lorsqu’elle entendit ces mots incohérents sortir de la bouche d’Adalbert :

— Est-il bien vrai ?… est-ce elle ?… est-ce son ombre qui vient me chercher ?… Attends-moi… je te suis… suspends ta… malédiction… va, je suis…