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trouva la mère Santa-Valentina déjà levée et prête à la reconduire.

— Pourquoi ne m’avoir pas attendue ? dit-elle, il était convenu que j’irais vous prendre à sept heures dans la voiture du cardinal, et que je vous ramènerais chez vous, sans nul mystère, comme ayant passé la nuit ici, près d’une sœur malade… qu’est-il donc survenu ?

Clotilde raconta à la supérieure comment elle s’était vue forcée d’abandonner son rôle, et le dangereux effet qu’avait produit sa présence ; heureusement, ajouta-t-elle, je ne lui suis apparue qu’un instant, comme un songe, dont il a sans doute déjà perdu le souvenir ; mais, au trouble qu’il a ressenti, à l’état de spasmes où il est retombé, j’ai trop bien compris que mon aspect lui était odieux, mortel peut-être, et je n’ai plus pensé qu’à m’éloigner de lui. Quelle triste épreuve, ô ma mère ! j’en reviens le cœur brisé, car, lors même que le ciel accorderait sa vie à mes prières, je ne serai jamais pour lui qu’un objet de remords ; une autre aura sa reconnaissance, son amour !… et je verrais tant d’ingratitude sans en mourir !… oh ! non, Dieu aura pitié de mes souffrances, j’y succomberai.

La supérieure employa toute l’éloquence de la