Page:Nichault - Le Mari confident.pdf/205

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Ainsi, le hasard lui rendait sa place près de lui ; elle allait être encore un jour aux yeux de tous son épouse légitime, sa compagne chérie, il lui faudrait la protéger, l’aimer tout haut. Cette idée le troublait beaucoup, et celle du dépit qu’éprouverait Clotilde de cette malice du sort, ne lui était pas moins pénible.

— C’est dommage, pensait-il, cette charmante fête l’aurait amusée, elle paraissait y prendre un vif intérêt. C’est tout simple, elle est belle, et le plaisir de se faire admirer du bavard Sosthène sous le costume dessiné par son esclave muet. Cette coquetterie à double détente, qui ne pouvait manquer d’atteindre ses victimes, la petite ruse d’employer les talents de l’un à l’embellir aux yeux de l’autre, lui souriait d’avance ; et, bien que cette réunion ne soit en réalité qu’une soirée de carnaval, une vraie mascarade, la pensée d’y jouer le rôle de ma femme, de cette Calpurnie qui aurait sauvé Jules-César s’il avait cru aux songes de cette veuve qui l’a tant pleuré, va sensiblement la gêner… je devrais peut-être lui épargner cet ennui, en me récusant, comme indigne de tant d’honneur ? Oui, je le devrais.

L’idée pouvait être généreuse, mais le dépit d’un mari ne le rend guère susceptible de charité,