Page:Nichault - Le Mari confident.pdf/206

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et puis, à défaut de mieux, on préfère donner de l’humeur aux gens qui intéressent à ne leur rien inspirer du tout. Alors, mettant son véritable projet à la place de ce qu’il croyait convenable de faire, Adalbert chercha à se justifier vis-à-vis de lui-même.

Eh ! pourquoi, pensa-t-il, me saurait-elle mauvais gré de jouer le rôle de son mari devant toutes personnes qui ne savent pas mes droits à ce triste emploi ? En n’acceptant pas ma proposition de quitter l’ambassade, de m’éloigner d’elle, de la laisser libre de vivre loin de moi où il lui plaira, elle a accepté tous les inconvénients de notre position. Celui-ci n’était pas à prévoir, j’en conviens, mais moi aussi, j’en supporte tous les jours de plus désagréables encore à commencer par les confidences de ses adorateurs. N’est-il pas bien divertissant de suivre pas à pas la marche des passions qu’elle excite, des espérances qu’elle donne ? elle peut bien se résigner à passer un moment, et sans danger, pour ce qu’elle est réellement, quand je me donne tant de peine chaque jour pour empêcher qu’on ne le devine.

Enfin de bonnes en mauvaises raisons, Adalbert arriva à se prouver qu’il était de son devoir de faire ce qu’il désirait. Résultat assez ordinaire des méditations d’un jeune philosophe.