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premier service composé d’une sargue[1] entourée d’huîtres, de hérissons de mer, d’olives, d’œufs et d’autres mets plus propres à exciter l’appétit qu’à le satisfaire[2]. On commença par tirer au sort le roi du festin. Le hasard, ou plutôt l’adresse des serviteurs, donna ce titre au sénateur Pison. Salluste, en le mettant à la place d’honneur, désigna la duchesse de Monterosso et la princesse Ercolante, pour être à côté du roi de la fête, se réservant le plaisir de se placer entre l’austère Servilie et la belle Calpurnie.

La présence du sénateur Pison chez Salluste prouvait leur réconciliation ; mais le temps des folies du jeune historien et des rigueurs du Sénat envers lui était passé, et puis, dans ce siècle-là comme dans le nôtre, on pardonnait beaucoup de

  1. La sargue était attirée à Rome des extrémités du monde, parce que ce poisson était fort estimé ; on le faisait venir de la mer Carpathienne, avant qu’un certain Optatus, affranchi de Tibère, qui avait le commandement de l’armée navale sur la côte d’Ostie, en fît apporter un très-grand nombre qu’on jeta dans la mer de Toscane. L’empereur ayant ordonné que l’on rejetât tous ceux qu’on pécherait ; il s’en trouva quelque temps après une fort grande quantité, particulièrement vers la Sicile où ils avaient été inconnus jusqu’alors. Pline, le naturaliste, dit que ce poisson vit d’herbes et rumine comme le bœuf.
  2. Voyage de Polyctète, t. II, page 161.