Page:Nichault - Le Mari confident.pdf/233

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trahisse quelque peu les sentiments qui bouleversent le cœur ; et M. de Tourbelles, dont grâce aux inductions d’Adalbert, l’observation se portait particulièrement sur M. Fresneval, s’aperçut de l’état violent qu’Édouard s’efforçait de dissimuler, était-ce le trouble du dépit ou de l’espoir, de l’inquiétude ou de la reconnaissance ; voilà ce qu’il ne devinait point, et ce qu’il était résolu de savoir à tout prix.

Ainsi les convives dont on vantait les manières antiques, la grâce dans l’imitation, la malice enjouée et surtout la liberté d’esprit, étaient secrètement torturés par une idée plus ou moins douloureuse.

Pourtant, la fête s’animait de plus en plus. Les innocents, tels que Williams Brutus, Cechino Lucullus, s’épuisaient en frais d’érudition, pour prouver qu’ils savaient leurs rôles. Les malins, tels que Marc-Antoine, Pison, Cassius, suppliaient Salluste d’écrire l’histoire de ses convives, et, sans préciser l’époque qu’il devait choisir, prédisaient pour cette œuvre, légèrement critique, autant et plus de succès qu’en avaient obtenus la Conjuration de Catilina et la Guerre de Jugurtha.

— Pour être plus sûr d’intéresser et d’amuser,