Page:Nichault - Le Mari confident.pdf/234

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tu pourrais commencer par les aventures de ta femme, dit en riant le sénateur Pison à Salluste ; car en épousant la femme répudiée de son ennemi, on veut apprendre jusqu’à ses moindres défauts, jusqu’aux torts qu’il cache le mieux, et la vie de Térencia[1], si longtemps liée à celle de Cicéron, doit renfermer plus d’un mystère piquant ; quant à celle de César, ajouta-t-il en se tournant vers Calpurnie, il ne faut pas badiner ; car chacun sait qu’il n’est pas endurant et qu’il ne veut pas même qu’elle soit soupçonnée.

— Ce qui prouve plus d’orgueil que d’amour, dit Calpurnie en lançant un regard d’indignation à l’infidèle César. Je sais qu’il ne m’appartient pas de plaider la cause de cette pauvre Pompéia, à laquelle Calpurnie devait succéder ; mais la justice l’emporte, et toutes les gloires de César, depuis celles qui le font craindre jusqu’à celles qui le font aimer, sont obscurcies par sa conduite, sa barbarie envers sa première femme. La livrer aux accusations les plus flétrissantes, au mépris général, et cela sur un soupçon que lui-même ne par-

  1. Saint Jérôme dit, en parlant de Terencia : « Au sortir d’une maison où elle aurait dû puiser la sagesse dans la plus pure source, elle n’eut pas honte d’aller se jeter dans les bras de Salluste, ennemi de son premier époux. » Vie de Salluste, p. 15.