Page:Nichault - Le Mari confident.pdf/262

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excité la colère du comte, et qu’il l’avait exprimée en termes trop injurieux pour qu’il ne s’ensuivît pas une affaire sérieuse.

Au nom de la princesse, Clotilde retomba anéantie sur son siége, et dit en pleurant :

— C’est pour elle…

Puis congédiant Ricardo, elle se livra à tout l’excès d’une douleur qu’elle n’avait pas même la consolation de pouvoir confier. Sans doute cette douleur n’aurait pas été moins vive, si Clotilde avait pu soupçonner la vérité cachée sous cet odieux mensonge. Sans doute la pensée qu’Adalbert exposait ses jours pour la défendre, l’aurait plongée dans une anxiété mêlée de remords ; elle se serait accusée de l’avoir mis dans l’obligation de prendre son parti, lors même qu’il y serait le moins enclin ; mais aussi, que de sentiments doux, d’espérances délicieuses attachées à l’idée de ce dévouement. Quel noble prétexte pour montrer sa reconnaissance, pour opérer le rapprochement qu’un autre amour rendait impossible. Mais toute illusion s’évanouissait à ce nom redouté, et la malheureuse Clotilde, victime de sa modestie, en était réduite à envier les charmes et le sort d’une rivale qu’elle faisait mourir de jalousie.