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ces deux costumes si différents l’un de l’autre, à l’idée que le même pied allait habiter ce petit soulier de satin blanc et ces énormes sandales ferrées à clous ; que la même tête allait porter ces rubis étincelants et ces boucles d’oreilles en similor. Joséphine s’amusait dans ce contraste sans oser en faire l’observation, et s’effrayait de ce que madame des Bruyères ne le remarquait pas, tant sa pensée était ailleurs. Cependant sa toilette était commencée et elle se laissait faire avec toute la docilité d’un enfant dont la coquetterie n’est pas encore éveillée, lorsqu’elle s’écria subitement en détachant de son cou une petite chaîne à laquelle pendait une amulette : « Ma mère me l’a dit cent fois, cette relique a sauvé ma vie, elle sauvera la sienne, pourvu qu’il consente à la porter ! »

En parlant ainsi elle fait asseoir Joséphine près d’une table à écrire et lui dicte ces mots :

« Pour l’amour de Dieu et de la personne qui vous aime le plus au monde, portez dès ce soir cette relique, et ne la quittez que lorsqu’on vous la redemandera. »

La chaîne et le billet renfermés sous la même enveloppe, Joséphine crut rêver en recevant l’ordre d’y mettre sur l’adresse, le nom du comte de Bois-Verdun. Elle se le fit répéter, ne pouvant