Page:Nichault - Le Mari confident.pdf/271

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s’expliquer comment sa maîtresse écrivait en de semblables termes à un homme qu’elle n’avait jamais reçu chez elle, et pour lequel on ne pouvait l’accuser d’aucune bienveillance. Il est vrai que la lettre n’était point signée et que les apparences ne devaient pas aider à en deviner l’auteur. Mais toutes ces démarches étaient si étrangères aux habitudes de la comtesse, que la pauvre Joséphine se perdait en conjectures et cachait mal sa surprise. Clotilde s’en aperçut et dit :

— Suspendez tout jugement sur ce qui vous étonne aujourd’hui, sur ce qui pourra vous étonner plus encore demain. Épargnez-vous les remords d’un injuste soupçon : continuez à être discrète et dévouée, le ciel vous en récompensera, j’en suis garant. Allez confier vous-même ce billet à un des commissionnaires qui sont toujours là en face de notre balcon, à la grille du parc. Il ne faut pas qu’on voie un de mes gens à l’ambassade.

Joséphine jura sincèrement de tout voir sans rien juger, de tout exécuter sans rien dire, certaine que Dieu ne pouvait la punir d’obéir à un ange.