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Clotilde, épouvantée des dangers auxquels l’avaient exposée l’amour de Sosthène, pensait très-sérieusement à l’en guérir. Ainsi, chacun de son côté méditait un projet sage. La princesse Ercolante, seule, abandonnait son imagination à toutes les idées insensées qu’enfante l’orgueil blessé et l’amour outragé ; décidée à se convaincre de ce qu’elle redoutait, ou à s’affranchir du soupçon qui rendait son bonheur impossible, elle choisissait parmi tous les moyens qui se présentaient à sa mémoire et dont la vulgarité ne nuisait point au succès, celui qui devait amener infailliblement Adalbert à trahir son amour pour madame des Bruyères.

Lorsqu’une semblable pensée s’est emparée d’un esprit sicilien, elle n’y est combattue par aucune autre crainte que celle de ne pas réussir. Les suites de l’épreuve sont tellement voilées par la douleur ou le plaisir qu’il en attend, que l’espoir du succès l’emporte sur tout pressentiment funeste, et, partant, sur toute prudence. Ces différentes agitations, comme toutes celles des gens du monde, prétendaient au mystère, et chacune des personnes qui en étaient atteintes ne pensait qu’à les dissimuler en s’appliquant à remplir ses devoirs de société, et même à prendre sa part accoutumée des plaisirs dont elle s’était fait des habitudes.