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sans laisser soupçonner sa triple trahison. Il avait reçu l’ordre de se rendre, le lendemain de grand matin, dans la petite église de Saint-Jean-Carbonara, et d’y attendre, près du tombeau de Caraccioli[1], la personne qui avait à lui parler.

Le mystère, le lieu du rendez-vous ne laissaient aucun doute sur l’importance des intérêts qu’on y devait traiter. Ricardo savait qu’à Naples, les plus horribles complots se trament d’ordinaire à l’ombre des autels ; là toutes les rencontres sont faciles et n’attirent pas l’attention, on est habitué à y voir le grand seigneur à genoux près de l’artisan, la princesse à côté du lazzarone : celui-ci prie tout haut, pendant qu’elle lui parle tout bas ; et les ordres qui se donnent ainsi sont rarement charitables.

Le départ de M. de Bois-Verdun enlevait à Ricardo un des meilleurs profits de son industrie, aussi espérait-il bien y mettre obstacle en en dénonçant le projet à la princesse. Il réservait la confidence pour l’entretien de l’église Saint-Jean, car il devinait sans peine à qui il aurait à répondre, et n’avait d’incertitude que sur ce qu’on exigerait de son savoir-faire. Il repassa dans sa tête les mé-

  1. Gianni Caraccioli, l’amant, le ministre de la seconde reine Jeanne, espèce de comte d’Essex napolitain.