Page:Nichault - Le Mari confident.pdf/305

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occasion de se convaincre, par ses propres yeux, de l’intimité qui régnait entre les coupables ; car les plus prudents, après s’être imposé le chagrin de n’être pas près l’un de l’autre, tombent tous dans le tort de laisser dire à leur regard ce que leur bouche veut taire.

Ce tableau, d’un monde torturé par les sentiments les plus cruels, les projets les plus atroces, et paraissant uniquement occupé du final qui vient d’être applaudi, de la poggiature manquée par la prima-donna, se présente bien souvent aux yeux de l’observateur et console l’envieux. Découvrir que toutes ces personnes belles, riches, nobles, enjouées, comblées de tous les biens dont on manque, ont un serpent dans l’âme et méditent un parti désespéré, cela rend philosophe.

Ricardo était de ces philosophes-là. Tapi dans le fond d’un amphithéâtre des combles, que les bourgeois de Naples appellent leur colombier doré, il examinait à loisir les différents effets produits par ses rapports sur les gens qui les lui payaient plus généreusement l’un que l’autre, il se félicitait d’avance des événements que devaient amener tant de passions exaspérées, pour lesquelles ses services seraient indispensables. Son unique embarras était de satisfaire à tant d’intérêts contraires,