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se pressaient autour d’elle, lui laissait supposer quelque grief établi sur une calomnie, et dont elle aurait à subir l’effet avant d’en savoir la cause. En vain elle cherchait à se rassurer par le voyage qui allait la séparer d’Édouard et ôter tout prétexte à la médisance, par la résolution qu’elle venait de prendre en secret de fuir le monde, où sa position étrange l’exposerait à des dangers également funestes pour son bonheur et sa réputation, elle éprouvait cette oppression qui étouffe à l’approche d’un orage. Cette tristesse d’un événement inconnu qui va agir puissamment sur la destinée. Cette insomnie que nulle douleur n’explique, semble avertir de veiller sur soi, car la haine aussi veille.

C’était au moment où les cérémonies saintes allaient succéder aux joies du carnaval, où le printemps fleurit déjà les jardins de Naples, quand ceux de France sont encore sous la neige, où les passions amoureuses, nées aux temps des plaisirs de l’hiver, se développent aux premiers rayons du soleil et s’augmentent de tout l’amour qui semble ranimer la nature.

Quitter Naples à cette époque de l’année, c’est s’exiler du paradis terrestre. Clotilde, attristée par ce regret, espérait que nul autre ne viendrait s’y