Page:Nichault - Le Mari confident.pdf/309

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joindre ; elle pleurait en contemplant ces beaux sites, cette belle mer, si souvent confidente de ses peines, et leur faisait honneur des larmes qu’Adalbert faisait couler.

On voyait à peine jour : le sacristain de l’église Saint-Jean en balayait le portique ; il se rangea pour laisser passer Ricardo, sans témoigner aucun étonnement de sa dévotion matinale.

Au bruit que fit la lourde portière tapissée en tournant sur ses gonds, Ricardo crut entendre une exclamation sortir de la chapelle consacrée au tombeau du ministre jadis assassiné. Il se dirigea de ce côté, et aperçut derrière le monument funèbre, une personne si bien encapuchonnée dans sa mantille noire, qu’il était impossible de distinguer sa tournure ni ses traits.

Il la devina plus qu’il ne la reconnut. Elle lui fit signe de s’agenouiller sur la pierre, elle-même se mit à prier ; et l’on ne saurait douter de la ferveur de sa prière, car dans de ce pays, où la religion se mêle à tout, il n’est pas rare de voir implorer le ciel pour le succès d’une mauvaise action, avec autant de foi que de zèle.

Pendant que tous deux priaient, une vieille femme vint allumer une petite bougie plantée sur la grille du chœur, et s’assit sur la marche de mar-