Page:Nichault - Le Mari confident.pdf/310

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bre qui séparait l’autel de la chapelle, en regardant brûler son ex-voto.

Quelque temps après un franciscain entra silencieusement et s’agenouilla près du confessionnal. Peu à peu l’église se remplit des ouvriers du pays qui ne croient à une bonne journée qu’autant qu’ils en ont consacré la première heure à entendre une basse messe, puis survinrent les écoles religieuses. Un entretien secret était difficile devant tant de témoins, mais Ricardo, fort dans l’art de traiter des intérêts les plus dévorants de l’air le plus calme et de cacher une ruse infernale sous un regard imbécile, se glissa insensiblement, à pas de genoux, jusqu’au prie-Dieu de la pénitente, et là, sans changer d’attitude, sans discontinuer ses mea culpa dont il se frappait la poitrine, sans regarder celle à qui il adressait la parole, il lui apprit tout ce qui devait la désespérer et porter son délire de vengeance au point de ne pas marchander sur les moyens de le satisfaire.

— Contraignez-vous, disait-il en entendant trembler sur le marbre la chaise où la princesse était assise, avec un livre de prières ouvert sur ses genoux. Songez qu’on vous regarde, et puisque tout est convenu entre nous, sortez d’ici avant que…