Page:Nichault - Le Mari confident.pdf/316

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jamais je n’ai eu la pensée de cet enlèvement.

— Eh ! qu’importe que ce soit de gré ou de force qu’elle te suive ; que vous partiez d’accord, ou que tu coures après elle, tu sais trop bien où la retrouver.

— Non, j’ignore ses projets… Je ne connais que son antipathie pour moi, et loin de vouloir la vaincre je ne demande qu’à la légitimer, je vous le jure sur l’honneur.

— S’il était vrai ! s’écrie la princesse en se levant dans une agitation qu’elle ne peut dominer ? s’il était vrai !… mais, non, le dépit seul t’inspire. Ton orgueil la hait, ton lâche cœur l’adore.

— Non, te dis-je, je ne l’aime pas, je ne veux pas l’aimer, vois-en la preuve dans ma soumission à tes ordres. Dispose de moi, je te sacrifie mes devoirs, ma fortune ; viens, allons cacher dans quelque pays lointain ta faiblesse et la mienne, est-ce assez pour calmer ta jalousie, pour arracher le bandeau qui t’aveugle ?

— Quoi ! cette Clotilde dont le nom te fait tressaillir… ne mériterait pas ma colère ?… tu consentirais à la fuir éternellement pour moi ? pour ton Antonia ?… Malheureuse !… qu’ai-je fait ?…

Et, couvrant sa tête de ses mains, la princesse pousse un cri d’effroi ; puis, s’indignant contre l’émotion qu’elle éprouve, elle ajoute :