Page:Nichault - Le Mari confident.pdf/32

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chambre, pour ne pas la réveiller si elle dormait encore. Ah ! bien oui, dormir ! elle n’y pensait guère, vraiment ! Assise sur son lit sans être habillée, elle tenait une lettre à la main et sanglotait de tout son cœur. J’ai fait du bruit en refermant la porte, pour lui apprendre que j’étais là. Elle ne m’a pas entendue, seulement ; elle se disait à elle-même toutes sortes de choses.

— Mon père l’a voulu !… Ah ! je l’avais prédit… Il n’est pas d’innocentes tromperies, quand on s’aime… Que vais-je devenir ? Oh ! mon Dieu !…

Madame Thomassin n’entendit pas la fin du récit de Joséphine, elle courut chez sa fille, la pressa dans ses bras, et mêla ses larmes aux siennes, sans oser la questionner.

— Lisez, dit Clotilde en lui remettant la lettre qu’elle avait trouvée sur son lit en se réveillant ; lisez, car je n’en crois pas mes yeux. Passer de tant d’amour à tant de barbarie… m’abandonner sans pitié… sans regrets… avec l’idée que je suis vaine, perfide, menteuse… Ah ! j’en mourrai.

Pendant que Clotilde exhalait sa douleur, madame Thomassin interrompait sa lecture par des exclamations injurieuses pour Adalbert.

— C’est infâme ! s’écriait-elle, pour une cause semblable… livrer une honnête fille aux soupçons