Page:Nichault - Le Mari confident.pdf/321

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lui-même… car il jure de ne pas survivre à cette femme adorée qui meurt pour lui ; mais le docteur, tout à son inquiétude, ne s’aperçoit même pas de ce qu’il y a d’étrange dans l’excès de douleur qui fait délirer Adalbert ; il voit seulement qu’il ne peut avoir recours à lui pour s’éclairer sur les causes de l’état où est tombée la malade.

Le bruit de l’empoisonnement de la comtesse se répand dans tout l’hôtel ; il parvient au pavillon qu’habite Édouard ; il s’élance vers l’office, arrache des mains de celui qui s’apprête à la plonger dans l’eau, une tasse encore teinte des restes du chocolat qu’elle a contenu, court la porter à Corona, et attend, comme l’arrêt de sa propre mort, les paroles qui vont sortir de la bouche du docteur.

Le mot de morphine se fait entendre… il glace de terreur tous ceux qui doutaient encore, et pourtant un rayon d’espoir semble ranimer le visage assombri du médecin ; il ordonne de s’assurer du valet de chambre qui a servi le chocolat ; mais on cherche vainement Ricardo, il a disparu.

La chambre se remplit de tous les gens de la maison, dont les exclamations, les sanglots étourdissent le docteur ; il prie qu’on le laisse seul avec Joséphine et une vieille gouvernante de la comtesse, pour n’être point troublé dans les soins que