Page:Nichault - Le Mari confident.pdf/323

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de ce crime ; il veut en connaître l’auteur, le poignarder de sa main ; il exhale sa douleur en menaces : celle d’Édouard s’exhale en sanglots ; il ne la contraint point, il la sent épurée par une idée chaste ; c’est sa sœur qu’il pleure.

Le vieux duc, la marquise d’Almédarès, le comte Belmonte, chaque personne qui vient augmenter le nombre de ces malheureux attendants, parle de ses soupçons, de ses craintes, des exemples qu’on a de la vertu des contre-poisons, lorsqu’ils sont administrés à temps et par des savants habiles ; de leur impuissance contre de certaines substances, trop souvent employées par les empoisonneurs de profession.

Au milieu de ce bruit, de cette agitation, de cette fièvre d’inquiétude, Adalbert seul est immobile et silencieux comme une tombe. C’est qu’en effet son agonie est terminée ; c’est que la résolution de ne pas survivre à Clotilde le rend presque indifférent à sa mort, et qu’après avoir maudit si souvent leur séparation, il sourit à la pensée d’être réuni à elle dans le même tombeau.

Sosthène, qui ne peut rester en place ni se taire, s’approche d’Adalbert, l’interroge sur ce qu’il sait de l’affreux événement qui les rassemble, lui demande comment il en a été averti le premier,