Page:Nichault - Le Mari confident.pdf/38

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jamais la confiance et l’affection de celui qu’elle aimait, il lui répondait aussitôt :

— Va, ne le pleure pas si longtemps. Il n’était pas mal tourné, j’en conviens ; et sans faire fi de bons bourgeois comme nous, il avait des manières de prince ; mais l’homme qui t’a plantée là pour une semblable cause ne peut être qu’un mauvais sujet. Il aura craint les plaisanteries de quelques merveilleux sans le sou, tels que lui, et il a sacrifié le bonheur d’une honnête femme à cette sottise. C’est un procédé infâme ; il viendrait t’en demander pardon, là, à genoux, que je te dirais de le repousser et de me laisser lui prouver que le pistolet d’un parvenu tire aussi bien que celui d’un seigneur ruiné. Mais n’y penses plus, car il mérite encore plus l’oubli que la colère. Nous sommes ici dans un pays superbe, on y roule sur l’or, amusons-nous, et ne nous inquiétons pas de ce qui se fait et se dit de bêtises en France.

Amusons-nous ! voilà le difficile ! un beau pays et de l’or cela suffit aux besoins de la vie, mais ceux de l’esprit ne sont pas moins exigeants, et M. Thomassin lui-même ne trouvait pas à remplacer ces bonnes causeries françaises du coin du feu. Ces théâtres où l’on va rire ou pleurer, à son choix, ces réunions brillantes où toutes les célé-