— De quelle part ? demanda Clotilde.
— Je l’ignore, Madame, seulement c’est un domestique portant la livrée de l’ambassadeur de France qui a remis cette lettre à Richard.
À la vue des armes du cachet, Clotilde se sentit oppressée, un nuage passa devant ses yeux, il lui fallut attendre un moment avant de pouvoir lire ce peu de mots :
« Ne craignez rien de mon indiscrétion, Madame, vous avez ma parole, je saurai la tenir, lors même qu’il faudrait tout quitter pour vous ôter la crainte de m’y voir manquer ; un mot de vous sera un ordre de départ.
» J’ai l’honneur d’être, etc.
Clotilde relut plusieurs fois ces lignes en se disant :
— Pas un mot de regret, pas une expression qui laisse supposer qu’il ne recommencerait pas aujourd’hui sa fuite, l’abandon qui a fait mourir de chagrin, il y a trois ans, ma mère, mon père, et qui m’a condamnée à une existence éternellement malheureuse… Sans doute, abusé par son exemple, il me croit consolée… infidèle peut-