Page:Nichault - Le Mari confident.pdf/66

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tion subite va lui servir de prétexte pour s’enfermer chez elle : tu ne la rencontreras plus.

— Que cela ne t’inquiète pas, je trouverai bien moyen de parvenir jusqu’à elle, il ne sera pas dit qu’une si ravissante personne soit la proie d’un amour si bourgeois, et dussé-je y sacrifier tout ce que je possède, j’espère bien lui prouver, avant peu, que le dévouement d’un bon gentilhomme vaut bien le servage d’un commis. Tu as l’air de douter de mon succès ? Eh bien ! établissons un pari.

— Moi, parier contre la chute de cette idole, ce serait trop plaisant.

— Pourquoi pas ? tu es de sang-froid dans cette affaire, je m’en fierai à ton jugement.

— Je craindrais pour son impartialité. J’ai en grand mépris les liaisons domestiques, et ne pardonne même pas à une femme de s’en laisser soupçonner.

— Raison de plus pour justifier madame des Bruyères de ce ridicule par une liaison plus sortable. Tu verras si je m’y prends bien. Je compte sur toi pour me guider. Mais mon père doit arriver dans une heure, allons au-devant de lui.

Les deux amis montèrent à cheval pour se rendre sur la route de Rome, par laquelle devait ve-