Page:Nichault - Le Mari confident.pdf/67

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

nir l’ambassadeur. Adalbert mettait son cheval au grand trot, lorsque Sosthène lui dit :

— Pas si vite, nous allons passer sous son balcon ; elle demeure là, à dix portes de notre maison… sur la Chiaja. Ah ! mon Dieu ! la voilà, ajouta-t-il d’une voix étouffée en apercevant Clotilde lisant près d’une fenêtre.

Le bruit d’un cheval qui se cabrait et menaçait de jeter par terre son cavalier, plutôt que de s’astreindre à marcher au pas, fit lever les yeux de Clotilde ; elle éprouva un instant de frayeur en voyant Adalbert aux prises avec sa monture ; mais la force et l’adresse du cavalier n’ayant pas laissé longtemps la victoire douteuse, madame des Bruyères reprit son attitude calme, et rendit avec assez de froideur le salut respectueux que ces Messieurs lui adressèrent.

— Tu vois bien qu’elle n’est pas si malade qu’on le prétend, dit Adalbert d’un ton ironique…

— Ah ! mon ami, quelle pâleur ravissante ! cette femme-là a un mélange de vivacité dans le regard et de langueur dans toute sa personne, qui inspire un grand désir de s’expliquer l’une et l’autre, ajouta Sosthène. Va, je m’y connais, l’amour a passé par là et il y aura fait une de ces blessures…