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Page:Nichault - Le Mari confident.pdf/88

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moitié à une famille française qui paraissait honnête (Ce qui voulait dire assez riche, dans la bouche del signor Giacomo) ; mais je m’en suis bientôt repenti en voyant où ces gens-là sont tombés pendant la maladie du père. C’est un vieux capitaine de votre Bonaparte, qui s’est fait chasser de France à force de crier : Vive Napoléon ! Vive le roi de Rome ! et qui s’obstine à ne pas croire morts, ni l’un, ni l’autre. Il gagnait de quoi nourrir lui, sa femme et ses enfants dans je ne sais quelle maison de banque, lorsqu’une attaque de paralysie l’a forcé de garder le lit ; et Dieu sait ce que cette famille serait devenue sans une brave dame qui leur donne de quoi vivre et leur apporte, de temps en temps, de quoi se vêtir. Hier encore, ne pouvant venir elle-même, elle leur a envoyé de l’argent par son homme de confiance ; mais pas assez pour acquitter le loyer qui m’est dû. Sans doute que la mère et les enfants, déjà bien heureux de ce qu’on leur donnait, n’ont pas osé avouer ce qu’ils devaient ; mais moi, qui gagne aussi mon pain et qui n’en ai pas de trop, je ne peux pas attendre davantage, et je vais leur signifier…

— Accordez-moi encore quelques jours de délai, interrompit Adalbert, si cette famille mérite l’intérêt de la jeune dame qui la secoure, elle sera