Page:Nichault - Le Marquis de pomenars.djvu/31

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frivole aux yeux de la femme qu’il veut captiver. Près d’elle, il feint la langueur, la passion, le désespoir même, et je vous affirme que lorsqu’il veut s’en donner la peine, il parle avec tant de chaleur de son amour que, malgré soi, l’on est tenté d’y croire.

POMENARS, à part.

C’est-à-dire qu’elle y croit… Il faut la désabuser… (Haut.) Puisque vous êtes si indulgente pour les folies du marquis, on peut vous en parler. Savez-vous s’il s’est enfin débarrassé de cette petite Bretonne qui voulait à toute force l’épouser, malgré ses engagemens bien connus avec la Champmêlé, Ninon, et tant d’autres ?

Mme D’ANGERVAL

Je ne suis pas au courant de ses aventures galantes ; mais je les apprendrai avec plaisir.

POMENARS.

Je ferais peut-être mal de vous les raconter.

Mme D’ANGERVAL.

Non, vous le pouvez sans crainte ; je serai charmée de savoir pour quelle beauté il soupire aujourd’hui.

POMENARS.

Mais ce serait plutôt à vous de m’en instruire, madame ; car il ne reste jamais si long-temps en province sans y faire quelque victime.

Mme D’ANGERVAL

Le monstre !

POMENARS.

Et vous connaissez sans doute l’infortunée qui lui sacrifie son repos en ce jour.