Page:Nichault - Le Marquis de pomenars.djvu/51

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plus facilement ; et puis c’est un souvenir que l’on peut garder… et montrer au besoin…

LE MARQUIS.

Ah ! m’en croiriez-vous capable ?

Mme D’ANGERVAL.

Non, ce serait vous faire injure. D’ailleurs, comment supposer qu’avec tant de moyens de plaire, sans protester de l’amour que vous n’éprouvez pas, vous vous réduisiez à jouer envers moi le rôle d’amant perfide ! Belle gloire, vraiment, que celle d’ajouter à la liste des plus brillantes conquêtes, le nom d’une femme de province, dont l’aventure n’offrirait guère d’autre plaisir que celui de la raconter à mademoiselle de Lenclos, ou bien à quelque autre.

LE MARQUIS, à part.

Pomenars a parlé… et cela dans le moment où je… L’ingrat !…

Mme D’ANGERVAL.

Mais qu’avez-vous donc ? ce discours vous offenserait-il ?

LE MARQUIS, d’un air fin.

Vraiment, j’aurais grand tort de m’en offenser, vous le dites dans une si bonne intention.

Mme D’ANGERVAL.

Ah ! votre intérêt seul m’inspire, et je veux vous le prouver en vous donnant un conseil salutaire. Croyez-moi, réservez pour la cour ce merveilleux talent de feindre et de mener dix intrigues à la fois. En ces lieux un tel mérite ne saurait être apprécié ; et ce serait dommage de perdre tant d’esprit en province.