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Page:Nichault - Le Moqueur amoureux.djvu/116

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Lorsqu’elle entra, M. de Varèze était assis à côté de la maîtresse de la maison et causait d’un ton fort animé ; l’arrivée de la vicomtesse les dérangea, mais après quelques politesses obligées, madame de Voldec reprit sa conversation avec Albéric, de manière à laisser croire qu’elle était d’un intérêt extrême. Toutes les prétentions inspirent ordinairement le désir de les déconcerter, et cet entretien que madame de Voldec voulait prolonger pour mieux prouver combien il captivait M. de Varèze, madame de Méran s’amusa à le faire rompre par lui-même, en disant simplement :

— On vient de me charger de quelques mots pour vous, mais je vous les dirai plus tard.

Puis elle se lève et va se mêler aux autres personnes, qui par discrétion se tenaient à quelque distance de l’endroit où causait madame de Voldec ; mais en paraissant tout occupée de répondre à plusieurs questions, elle regarde Albéric, et jouit de l’impatience où elle le voit de terminer une conversation qu’il n’est plus en état d’écouter. Cependant madame de Voldec parle encore, il n’ose s’éloigner d’elle. Enfin sa préoccupation l’emporte, il se lève, et dit pour s’excuser qu’il se fait trop d’ennemis en privant tant de gens aimables du bonheur de causer avec madame de Voldec. Le prétexte n’est point accueilli ; il ne s’en inquiète pas et se rapproche autant qu’il lui est possible de madame de Méran, dont la vengeance à moitié satisfaite veut encore s’exercer sur lui. Il lui adresse en