vain la parole ; au milieu du cercle qui l’entoure, elle a peine à l’entendre. Mais il ne se laisse point décourager, à force de persévérance il parvient à se placer auprès d’elle, et à lui demander ce qu’elle a promis de lui dire.
— Plus tard, répond-elle.
— Mais il est déjà plus de minuit, je devrais être retiré depuis deux heures, et sans pitié pour mon impatience vous voulez que j’attende encore.
— J’ai beaucoup de plaisir à vous voir, répond madame de Méran ; votre curiosité vous donne un petit air ému qui me fait honneur. À votre obstination à ne me point quitter, on croit que ma conversation vous plaît plus qu’aucune autre ici ; pourquoi voulez-vous que je renonce si vite à cet avantage. Je n’aurai pas plus tôt rempli la commission dont on m’a chargée, que vous ne prendrez plus le moindre plaisir à m’entendre.
— Je ne crois pas que rien au monde pût me produire cet effet-là, madame, et vous me donnez une grande idée de l’importance de votre mission.
— L’importance d’une chose est souvent tout entière dans la manière dont on l’interprète, reprit madame de Méran, et je ne sais trop celle que l’on pourrait attacher à ces mots insignifiants : « Dites-lui que je suis charmée de le savoir parfaitement guéri. »
— Oui, parfaitement guéri, répéta M. de Varèze avec un dépit visible.