tion ! Il faut un motif bien grave. M. de Marigny avait-il des dettes cachées ? Se serait-il brouillé à propos du contrat avec son futur beau-père ? Quelqu’une de ces lettres infâmes dont les auteurs semblent se multiplier aurait-elle porté le trouble dans cette famille !
Ainsi l’imagination de la duchesse se perdait en conjectures, quand on lui annonça le maréchal de Lovano.
À peine se fut-elle informée de la santé du pauvre goutteux, qu’elle lui parla de ce qu’elle venait d’apprendre. Le maréchal, que ses souffrances retenaient depuis plusieurs jours chez lui, n’avait vu personne qui pût détruire ou confirmer le bruit de cette rupture, mais il n’en parut pas étonné.
— Comment ! dit la duchesse de Lizieux, vous qui vous connaissez si bien en intérêts qui touchent à l’honneur, vous trouvez tout simple qu’un homme se joue de celui d’une famille entière en rompant sans motif l’engagement le plus sacré ?
— Non vraiment, ce n’est pas cela que je trouve tout simple, et si chacun pensait comme moi sur ces gentillesses-là, elles ne se recommenceraient pas si souvent. Mais j’en crois M. de Marigny incapable, et je soupçonne à ce grand événement une cause fort légère.
— Laquelle ? ne puis-je le savoir ?
— Mais… j’hésite à vous le dire ; d’abord ce serait dénoncer un de vos admirateurs ; et puis, vous ne me croiriez pas.