Page:Nichault - Le Moqueur amoureux.djvu/16

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un semblable prétexte. Le marquis s’est fâché, sa femme s’est rangée du côté de sa fille en la voyant pleurer, et toutes deux ont écrit à M. de Marigny pour obtenir le délai que M. d’Herbas se refusait à demander. La lettre était froide, contrainte ; le futur s’en est offensé, il a répondu de manière à prouver qu’il n’était pas homme à supporter un caprice humiliant. Enfin, de dépit en dépit, tout était rompu ce matin.

— Je ne vois de coupable dans tout cela, dit la duchesse, qu’une petite fille capricieuse.

— Sans doute, mais cette petite fille n’aurait jamais pensé à refuser un galant homme, qui pouvait la rendre parfaitement heureuse, si on n’avait pas tourné en ridicule cet honnête homme.

— Ah ! ceci est trop fort ! comment, vous supposez qu’une fille comme il faut se détermine à un éclat qui peut lui faire un tort irréparable ! et cela, parce qu’un étourdi se sera moqué de l’habit ou de la coiffure de l’homme qu’elle doit épouser ?

— Cela ne paraît guère croyable, j’en conviens, et pourtant cela est.

— Pour ma part, je ne suis pas éloignée de le croire, dit alors une amie de madame de Lisieux ; il me souvient d’avoir été toute prête à congédier M. de Méran pour avoir entendu dire, en le voyant passer à cheval, qu’il avait l’air d’une paire de pincettes.

— Quelle folie ! dit la duchesse.

— Non, je ne plaisante pas, reprit madame de Méran,